Les écoles de séduction sont des écoles de soumission


« Les écoles de séduction » sont ces endroits où le mec féministe vient compléter une personnalité déjà amplement consacrée aux femmes afin que ses dehors correspondent maintenant aussi à leurs fantasmes... La vocation au bien-être féminin et la vocation à stimuler les instincts féminins, la culture et l'instincture, s'avèrent de plus en plus contradictoires. Ces « écoles » comblent le fossé logique en enseignant à leurs élèves une fanfaronnade machiste, tandis que la société, en fond, incite toujours plus à s'inspirer des femmes en termes de stratégie, de « management », comme on dit... Tant que le mec féministe est incapable de contrevenir à la première exigence, la comédie reste la seule réponse au paradoxe, au grand écart forcé, entre sa culture et son instincture, entre galanterie mentale en société et virilité spectaculaire dans l'intimité du couple. L'école de séduction est une sorte d'école de la contorsion. On y enseigne au mec féministe l'art de se plier en quatre pour le bonheur à géométrie variable des dames contemporaines.

Le mec féministe « apprenti dragueur » s'inscrit dans cette école pensant sûrement se soustraire à la fâcheuse impression que les villes sont livrées au tout-féminin ; en vue alors de dompter les femmes au moins sur le terrain de la prédation sexuelle. Il fait fausse route. En réalité, s'il se débarrasse de quelque chose, c'est surtout de vieilles ficelles sentimentales, qui, trop usées, ne parviennent plus à surprendre efficacement la femelle dernier cri. Une fois qu'une posture s'est massivement démocratisée, il faut changer, souvent pour l'inverse strictement, c'est suffisant.

En apprenant à interpréter devant elle tel ou tel personnage du registre caricatural de la domination, le mec ne peut pas s'incliner plus aux désirs des femmes, et, inéluctablement, il achève de désintégrer son identité dans sa quête permanente de consécration de la femme. Il vise d'être à son tour « l'épouse modèle », prêt même à assimiler des traits orduriers qu'habituellement il exècre (« fuck that guy ! »), qui l'exaspèrent moralement, mais observant là et scrupuleusement des fantaisies féminines comme si elles étaient la loi de la gravitation.

Il ne lui viendrait plus à l'esprit de juger quoi que ce soit ridicule dans tous ces gestes qu'on lui recommande pour faire un carton auprès des femelles (de même qu'une épouse que la dépendance rend dévouée ne voit pas ce qu'il y a d'étrange dans le fait d'avoir à se déguiser en prostituée pour susciter l'érection de son époux, le tombeur post-produit n'a pas conscience que sa puissance est désormais restreinte à une parade aphrodisiaque, qu'elle a la même valeur qu'un strip-tease). Mais peu importe, le ton est donné dès lors que l'école dit enseigner « la séduction » : il ne s'agit pas d'une école apprenant à devenir homme, encore moins homme de pouvoir, au charisme naturel, et pour qui les femmes ne sont que des convoitises périphériques. Et pourtant, c'est souvent de ce simple état, qu'elles abondent, disponibles.


R. Fonction, 27 octobre 2013

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