On se fait chier dans une société de marchés


Il faut le dire : on se fait énormément chier dans une société de marchés. La véritable finalité pour les acteurs d'un tel système ne peut jamais être autre chose que d'écouler, épuiser des stocks s'allongeant à mesure d'habileté à écouler des stocks ; peu importe ce qu'ils sont... Toutes les tentatives pour essayer d'élever le niveau, de rompre la répétition par la maturation, en subtilité ou en spiritualité, sont vouées à être fauchées par les torrents de la quantitativité. La seule aristocratie possible en ce monde est donc, et c'est déplorable, celle qui accepte ce mécanisme simple à en mourir d'ennui en jouant le jeu à fond jusqu'à en perdre la tête : elle émerge du tournis collectif où se déverse exclusivement la puissance des héros commerciaux. Les autres, par leur effort surhumain pour résister, au sacrifice de leur capital s'amenuisant avec les décennies qui passent en écrasant le « superflu », auront, s'ils ont la chance de correspondre, au hasard d'une mode, par exemple, l'honneur de voir leur sang couler sur la marchandise afin de la colorer et élever un peu cette insipidité qui constitue l'essentiel de sa chair. Dans tous les cas, le noble d'hier tend toujours plus à équivaloir le prolétaire de toujours. 

Marot Couperin, 14 octobre 2013

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