Peace and Love


Que la paix ne puisse s'obtenir qu'au prix d'un mur, ceci est trop difficile à admettre pour le moderne obnubilé d'amour. On annule facilement l'une et l'autre notion, la paix et l'amour, dès lors qu'on se met à les confondre ; le slogan « peace and love » y a probablement contribué. La paix réunit des intérêts distincts, l'amour des intérêts semblables. L'amour véritable n'est possible qu'à condition de paix, et la paix, paradoxalement, se maintient par des démarcations : sans espace propre, la haine s'assure de triompher ; mais peu importe, le moderne ne s'interdirait pas non plus de confondre l'amour avec la haine en justifiant son désarroi par l'intense fatalité de la Passion...
En voulant précipiter l'amour, en voulant s'assurer qu'il ne s'abstienne nulle part, la mentalité moderne saccage, abat imprudemment les frontières, les cloisons, tout ce qui s'était délicatement édifié et organisé en vue de cultiver cette précieuse paix, cette stabilité sociale, garante, au même titre que la stabilité politique, de sérénité, condition première de toute projection collective dans un effort. En mélangeant au prétexte de précipiter la tolérance, « l'ouverture », en galvaudant ces honnêtes aspirations, le simplisme moderne ne fait qu'inonder la société de haine et de futures discordes. 

GT, 16 octobre 2013

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