Le nationalisme romantique de Fichte est le plus noble et le plus innocent des nationalismes, celui qui apparaît lorsqu'il est temps d'évacuer toute l'amertume que la déception a écumée, redonner la foi, regonfler de force intérieure un peuple harassé, déboussolé et confus, et sur le point d'être tourmenté, pour toutes ces raisons.
Il ne saurait y avoir de nationalisme "multi-ethnique", une telle chose est un non-sens, un barbarisme de moderne qui prend ses rêves pour des réalités, un fantasme, puisque l'impuissance dans laquelle le transnationalisme l'enfonce ne l'autorise qu'à gouverner ceux-ci... Le nationalisme "à la carte" est une grossièreté sans portée pratique ; il ne peut y avoir là qu'une fin opposée à la métaphysique nationale, puisque une patrie se définit comme cette substance collective qui se reconnaît dans la mission d'honorer son génie ; de le sauvegarder, de le préserver ; en vue de perfectionner l'existence selon sa définition unique de la perfection.
Le pseudo-nationalisme "multi-ethnique" est l'émanation d'esprits pessimistes ; il ne saurait être pris au sérieux, comme étant l'aspiration d'un peuple en possession de ses moyens, de sa souveraineté, de son libre-arbitre et de sa conscience... Un tel simulacre de nation ne peut avoir été qu'imposé. Et il l'a été, non par la force, mais par la ruse, le chantage, l'intimidation, le harcèlement aussi, qui continue et augmentera.
Une telle chimère ne peut servir que de nation transitoire, dans laquelle la cohésion est factice, superficielle comme aujourd'hui en France, où la politesse et l'agressivité sont en fait les deux filles d'une même méfiance, dont disposent les puissances alentours, qui peuvent aisément jouer avec, créer des tensions, en attendant qu'elle éclate en diverses génies-destinées ; comme il en est allé des empires à la fin, et comme il en ira de ces nations synthétiques.
Aucun patriote, s'il est patriote, n'oserait soutenir des propos pareils : "je suis prêt à faire une croix tout ce que mes ancêtres on sacrifié pour moi, et je renonce à l'éternité de leur oeuvre, au nom de ma jouissance et d'un pari hasardeux avec l'avenir"... Ce serait plutôt les paroles d'un déserteur, et peu importe que le consensus serve à les transformer en ceux d'un sage.
Si on avait dit aux théoriciens de la nation que deux cents ans après leurs héritiers feraient des patchworks d'identités en appelant ça "nation", ils auraient pleuré de rire, en pensant que le futur est la nation des fous !
Marot Couperin, 13 décembre 2013
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