Le
discours nationaliste est une rhétorique de guerre que déverse les
penseurs alertes dans le cœur de leur patrie, lorsque celle-ci est
en danger, afin qu'elle relève la tête et retrouve la force de se
défendre. Ceux qui, nombreux aujourd'hui, pointent du doigt ces
discours comme étant des matrices de haine ne sont absolument pas
les ennemis de la guerre qu'ils prétendent, et encore moins des
sages aptes à prévenir ces crises dont l'Histoire est tristement
criblée. Ils espèrent seulement qu'exhortant les leurs à raser les
murs, ils empêcheront le sang de couler. Eux sont, inversement, des rhétoriciens de la
capitulation qui ignorent à quel point le danger est immense si
un peuple paraît inoffensif en face d'un autre.
La cause profonde du nationalisme reste la nature humaine, imprévisible, et sur laquelle, les bien-pensants, plus que les autres, n'ont aucune prise, puisqu'ils raisonnent hors de la réalité ; leur morale étant réduite à une esthétique de la pensée.
La cause profonde du nationalisme reste la nature humaine, imprévisible, et sur laquelle, les bien-pensants, plus que les autres, n'ont aucune prise, puisqu'ils raisonnent hors de la réalité ; leur morale étant réduite à une esthétique de la pensée.
De
toute l'histoire du nationalisme, la prise de conscience d'une nation
ne s'est jamais produite arbitrairement, au hasard d'un « désir » d'en découdre, ni en vue d'intérêts particuliers et secrets, comme
les conspirationnistes désirent en voir partout la cause, mais à un
moment où une autre communauté se dessinait sérieusement, troublant l'horizon, ou déjà se répandait dans un espace vital autre que le sien.
Les discours de Fichte à la nation allemande étaient de ceux-là précisément qui cherchaient à réactiver la foi d'un peuple germanique menacé, en premier lieu par son propre harassement. Ces discours, prononcés au lendemain de la défaite d'Iéna, et tandis que Napoléon s'apprêtait à jeter sa grande armée à travers toute une Europe devenue vulnérable, formaient un vœu de résistance, et le plus noble qui soit. Il en allait de même lorsque moins d'un siècle plus tard, le contre-coup du sursaut allemand avait été tel, qu'à son tour, Renan devait s'atteler à rebâtir une conscience française à partir des morceaux d'un second empire brisé par le royaume de Prusse ; ce duel franco-allemande, ce cercle vicieux, nous le savons, se répondra ainsi jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale, et sera entre-temps récupérée ailleurs dans le monde, entre de nouvelles parties, comme il y en aura pour l'éternité, et toujours pour des raisons similaires : instinct de survie collective face à une menace, réaction épidermique à une humiliation.
Les discours de Fichte à la nation allemande étaient de ceux-là précisément qui cherchaient à réactiver la foi d'un peuple germanique menacé, en premier lieu par son propre harassement. Ces discours, prononcés au lendemain de la défaite d'Iéna, et tandis que Napoléon s'apprêtait à jeter sa grande armée à travers toute une Europe devenue vulnérable, formaient un vœu de résistance, et le plus noble qui soit. Il en allait de même lorsque moins d'un siècle plus tard, le contre-coup du sursaut allemand avait été tel, qu'à son tour, Renan devait s'atteler à rebâtir une conscience française à partir des morceaux d'un second empire brisé par le royaume de Prusse ; ce duel franco-allemande, ce cercle vicieux, nous le savons, se répondra ainsi jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale, et sera entre-temps récupérée ailleurs dans le monde, entre de nouvelles parties, comme il y en aura pour l'éternité, et toujours pour des raisons similaires : instinct de survie collective face à une menace, réaction épidermique à une humiliation.
Marot Couperin, 12 décembre 2013
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