Le
point de convergence des indépendants s'avère n'être point la
singularité, mais l'irréalisme. Dans cet irréalisme se déversent
finalement toutes les particules de la foule dispersée par la
doctrine de l'art pour l'art. Plus l'artiste autonome s'éloigne du
groupe, plus il croit atteindre sa liberté, plus il s'écarte en
fait du sens, qui est toujours sens commun, ou « décence commune »,
pour finalement retomber sur cet ensemble du monde qui sombre lui
aussi dans le non-sens. Cet irréalisme, par ailleurs nommé «
irréalisme libéral » (pour souligner sa dimension politique, le
rappeler à une sorte de pendant du réalisme soviétique), renvoie
l'abstraction et le surréalisme à une même mouvance, une mouvance
générale de l'art, au siècle globaliste, fédérateur des
individualités dupées par les discours sur l'impérieuse nécessité
d'être libre pour bien créer ! d'être indépendant vis à vis des
destinataires, des commanditaires... N'importe quoi. À elle seule,
cette notion d'irréalisme suffirait à couvrir la totalité de la
scène « post-moderne », tandis qu'elle se plaît à se croire
insaisissable, inintelligible, chaotique... rien de tout cela,
puisque l'anarchisme se trouve à l'autre extrémité du mystère.
Romain Courtois, 10 juillet 2014
Zooms From Nowhere from Chris Timms on Vimeo.
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