Il n'y a pas le modernisme au commencement, et le post-modernisme qui serait son exagération en se prolongeant dans l'histoire ; ce clivage entre un début et une fin du XXe siècle me semble de plus en plus inapproprié. En vérité, ce qu'on croit être deux courants sont deux phases qui ont lieu simultanément, non plus dans l'histoire, mais à l'intérieur de nos vies, donc... Modernisme et post-modernisme seraient le « jour et la nuit » des expériences précaires qui animent notre vie culturelle qui, médiocre, fonde ce qui est ce siècle de basse intensité spirituelle. En quelque sorte, et ceci est surtout compréhensible au travers des expériences de l'art contemporain (qui ne sont justement plus que des expériences, nous comprendrons pourquoi), le modernisme correspond à la fabrication de jouets et le post-modernisme à leur destruction immédiatement après. Cette alternance de modernité et de post-modernité, par ailleurs faussement opposée sociologiquement, marque le tempo « cardiaque » d'une civilisation indisposée aux œuvres durables et profondes. Le temps qui est le nôtre, correspond à celui de l'enfant intellectuellement vide, a contrario envahi de pulsions intenses, frivole, qui l'amène à faire des choses dont la maigre densité en terme d'activité (significative du divertissement par opposition au travail) sera consolée par la phase de destruction qui suit. La dichotomie « construction/déconstruction », plutôt que de dessiner deux périodes de l'histoire récente des hommes, révèlent alors le dessein en toutes choses dans lesquelles, naïvement, puérilement, nous croyons voir de l'importance, jusqu'à ce que la lassitude frappe à nouveau, subitement, et que s'ensuive le plaisir sadique de sacrifier ce qui n'était encore qu'un objet périssable, inconsistant, distrayant, un gadget... Et quand je dis « objet », il faut préciser qu'il peut tout aussi bien s'agir d'un être vivant, d'une personnalité, par exemple...
Marot Couperin, 27 août 2013
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